Ils nous parlent de ... Alain Busine

Son père : Pauvre de lui ! Je l’ai affublé de sept prénoms (Alain, Paul, Aimable, Eugène, Alphonse, Nestor, Christian). Il faut dire que j’étais un peu soûl le jour de sa déclaration de naissance. Un vrai arbre généalogique qui lui a sans doute transmis une passion, celle de connaître ses racines. Alain, un beau garçon dont j’aurais voulu faire un athlète performant ; il en avait le corps, les muscles, la fonction cardiaque, mais pas l’âme. Ses coups de poing ont toujours été des mots, son âme m’est restée une énigme. On a eu bien du mal à communiquer. Je l’ai perdu à la fin de son adolescence, l’ai retrouvé jeune adulte quand il est parti bourlinguer en Orient, définitivement apprécié au seuil de ma mort.

Sa maman : Pauvre de lui, je lui ai accolé d’autres prénoms, dont Bernard. Pourquoi ? Dans le Borinage, un bernati est un petit garçon toujours joyeux à l’humour scatologique très prononcé. Plus tard, mon dieu comme j’étais fière de ce beau docteur dont les patientes étaient bleues ! Par taquinerie, et parce qu’il aimait l’humour, surtout celui qui consiste à ne rien prendre au sérieux, je l’appelais « Docteur Frouchure ». Qu’aurais-je eu si je ne l’avais pas eu ? À ça non ! On n’a pas coupé le cordon entre nous, un gros cordon avec deux artères bien palpitantes dans lesquelles ont transité, jusqu’à mon dernier souffle, humours, gentillesses, confidences autour de deux bonnes bières d’abbaye. « Qu’il est doux d’avoir un long cou, ça fait longtemps glouglou ! »

Ann, son épouse : « Mon Einstein, reviens sur terre ! »

Sa bibliothèque : Pauvre de moi ! Quel capharnaüm ! Des goûts éclectiques, insolites. L’esprit rebelle et d’aventures y plane. Blaise Cendrars s’y pavane. Cendrars, pensez ! Qui le lit encore cet auteur ? Alain aux cent prénoms l’a lu, relu, en a trituré, martyrisé les pages à coups d’annotations. Il me rend visite avec des airs d’archéologues à la recherche de « pépites » qu’il a surlignées in illo tempore et qu’il relit avec délectation. Dont cette dernière de Cendrars : «  …glissant ma vie comme une feuille de papier carbone entre deux feuilles de papier blanc sous le chariot de ma machine à écrire et que je tape …, et que je me relis comme un somnambule, intercalant dans la vision directe celle, réfléchie, qui ne peut se déchiffrer qu’à l’envers comme dans un miroir, maître de ma vie, dominant le temps, ayant réussi par le désarticuler, le disloquer et à glisser la relativité comme un substratum dans mes phrases pour en faire le ressort même de mon écriture… » Ah, ce Blaise ! Alain voudrait s’y reconnaître !

Son scalpel : Lui et moi, on a formé un fameux couple, tout en harmonie. J’aimais être entre ses doigts, traité avec douceur, ouvrir les plaies, aviver les chairs meurtries, drainer les abcès, extirper les tumeurs, restaurer l’harmonie du corps. Je pense que je me suis insinué dans son cerveau. On le dit cassant, clivant, moi je le dirais « incisant » !

Charlemagne : Il m’a retrouvé ; des années de recherches généalogiques ! On est parent à la 32ème génération. C’est vrai que l’on dit que tout le grand monde européen descendrait de moi. C’est généreux, mais pas tout à fait exact, tout au plus quelques millions d’individus et de ceux-ci seulement quelques milliers ont pu établir la vraie connexion. Bref, Alain l’a fait, mais en est-il fier ? Pas plus que ça, mais cette remontée dans cette branche a probablement fait éclore chez lui une passion pour l’histoire des petites gens dans la grande Histoire. De cela, moi j’en suis fier.

Ses filles, ses petits-enfants : Il y aurait trop à en dire. On l’appelle affectueusement « Pou » ou « Papy ». Il nous traite de « morpions » quand on lui colle au corps dans la piscine. Pour nous, les petits-enfants, des moments de joies, de jeux, de câlins, de complicités, de « bisous sauvages », on sent qu’il veut nous faire revivre ce qu’il a connu avec son grand-père Émile, une relation magique et fusionnelle au goût de caramel.

Son jardin : Je suis le lieu de ses rêveries, de ses soliloques, de ses visites quotidiennes à la recherche d’une couleur, d’un parfum, d’un frisson, d’une perle d’eau retenue sur le velours d’un feuillage ou encore de la beauté d’une toilée d’araignée dessinée par un premier givre d’automne.

Son subconscient : Je sais, il me cherche ! Je le vois souvent perdu dans un labyrinthe d’introspections. Il frémit, s’approche, tourne autour de moi, mais je me dois de lui donner ce conseil : « Ne délaisse pas ton fil d’Ariane, car il se pourrait que ce soit le Minautore que tu rencontres ». Qui sait ?

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